Je m’aperçois qu’en dehors de mon cercle professionnel, mes amis et les membres de ma famille ont parfois de la difficulté à comprendre mon métier. Pendant longtemps, ma mère me croyait adjointe administrative, puisque le travail que je lui décrivais — la rédaction, la communication avec les médias — tombait aux secrétaires à son époque. Bien qu’elle saisisse mieux maintenant, je sais qu’il ne s’agit pas d’une compréhension parfaite. Elle m’a dit, justement l’autre jour: ‘Il faudra qu’on s’assoit ensemble un jour pour que tu m’expliques exactement ce que tu fais.’
Avons-nous trop longtemps cultivé notre image d’Éminence Grise? J’en suis peut-être la première coupable. C’était, après tout, le titre de ce blogue, autrefois. Plus maintenant, vous remarquerez.
Pas surprenant, peut-être, que notre profession suscite assez d’intérêt dans certains cercles pour que Radio-Canada investisse dans la création de l’émission Mirador qui sera diffusé dès le 6 janvier prochain.
Depuis, on a droit aux commentaires dénigrants de journalistes comme Hormier-Roy et de Dumas, entre autres, qui semblent nous percevoir comme des acteurs néfastes. On me dit que la relation entre journalistes et relationnistes n’est pas toujours facile. Et pourtant, pour ma part, ça va plutôt bien. Je reçois régulièrement des compliments de journalistes très crédibles qui semblent apprécier mon efficacité et me considèrent une personne ressource. Qui semblent apprécier que je leur facilite la vie en leur obtenant les réponses à leurs questions et un accès aux porte paroles d’entreprises. Toujours plaisant d’être apprécié, mais je vois ça comme faisant partie intégrante de mon métier. Et je sais ne pas être seule.
Intéressant, donc, de suivre Daniel Thibault dans le blogosphère. Coauteur de Mirador, M. Thibault semble bien avoir maitrisé Google Alerts, car il commente régulièrement les billets de blogue traitant l’émission, comme celui-ci signé Epicure, dans le blogue culturel Burp:
(…) Donc, un synopsis qui promet, de bons acteurs à l’écran, sauf que. Eh oui, malheureusement, sauf que… Même si un seul épisode ne peut faire foi de toute une saison, j’ai été déçue par ce premier contact avec Mirador. Comme on doit ficeler toute une intrigue dans une émission qui fait environ 50 minutes, on tourne les coins plutôt ronds et la trame du récit devient quasiment trop simple pour être crédible. Quant aux personnages, on semble avoir un peu trop souligné en caractère bien gras, les travers de l’équipe qui gravite dans les bureaux de Mirador. (…)
M. Thibault répond en défendant sa série, en expliquant l’impact des coupures budgétaires etc. Il finit son commentaire en disant:
Bon, j’arrête avant que ça ressemble à une tentative de spinner le blogueur…
Possible que M. Thibault se soit rendu compte qu’il fait un travail de communication en intervenant ainsi auprès du public … et que c’est possible de le faire sans tomber dans ce fameux ‘spin’ qui semble vouloir être au centre de l’intrigue de Mirador?
Pas besoin de spinner pour tenter de mettre le public de notre bord. On n’a qu’à présenter les faits. Et voilà, M. Thibault. Voilà ma réalité quotidienne. Voilà le travail du relationniste.
Je sens que je vais effectivement m’asseoir avec ma mère, le lendemain de la diffusion de Mirador. Qu’on va rire, ensemble, des clichés et caricatures. Qu’elle comprendra que sa fille ne se transforme pas en monstre manipulateur au boulot. Que, contrairement au personnage principal de Mirador, je dors très bien sur mes deux oreilles, sachant que le service que je rends à mes clients et au public est louable. Je suis fière de ce que je fais dans la vie et suis satisfaite des choix que je fais en conseillant mes clients, et en exerçant mon métier conformément à un code de déontologie qui exige l’honnêteté et la rigueur. Voilà.
Comme j’ai dit l’autre jour à Nathaëlle Morissette de La Presse, malgré tout ce que je lis au sujet de Mirador, je garde l’esprit ouvert. Disons qu’à la lecture de billets de blogueurs ayant eu un avant-goût de l’émission, je suis rassurée que le public saura faire la part des choses. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’aurait pas intérêt, en tant qu’industrie, à mieux représenter le travail qu’on fait, question d’équilibrer. On s’en reparlera après le 6 janvier.
MAJ: L’article de Mme Morissette a été publié dans La Presse ce matin.
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