En quittant l’événement du 3e mardi | Third Tuesday Montréal cette semaine, j’ai ressenti une certaine satisfaction, sachant que la discussion entre pairs avait été active et les échanges intéressantes. En même temps, je suis partie un peu songeuse, me disant qu’il faudrait qu’on revienne sur ce sujet à un moment donné. J’aurais aimé entendre davantage que les professionnels en relations publiques et en marketing ont compris que nous ne parlons pas seulement de nouveaux outils, mais d’une nouvelle mentalité et d’une nouvelle façon de communiquer imposée par le public. L’époque manipulatrice de Mad Men et de la vieille école de Morrow et compagnie est révolue. Ceux que nous tentons d’interpeller n’acceptent pas la tromperie. Ça les offusque. Et ils nous le font savoir. Ils sont en quête d’authenticité et de transparence. Ce ne sont pas des mots tendance qu’on devrait simplement brandir … on parle ici de valeurs fondamentales.
Ce sont des valeurs reflétées dans le code de déontologie de la SQPRP. J’étais déçue .. et je sais ne pas être seule .. d’apprendre que la SQPRP ne partiperait pas à notre soirée mardi dernier. Pourtant, il me semble qu’il s’agissait d’une belle opportunité de mettre les points sur les ‘i’ et de démontrer du leadership. Mais puisque la SQPRP dit ne pas encore avoir pris position sur cette (Bixi/Mirador) question, ils ont préféré ne pas envoyer de représentant officiel. Dommage. Mais vraiment.
Mirador sera diffusée dès cet automne, selon le site de Radio Canada … ou bien en janvier 2010 si on croit Hugo Dumas de La Presse et d’autres. Je lance donc l’invitation – d’ici là, je trouverai un endroit où pourront se rassembler devant un écran géant les pros en RP et en marketing qui étaient au Daylight Factory mardi soir, ou qui auraient voulu y être. Des absents comme Jacques Nantel, par exemple, et Bernard Motulsky. Nantel, qui a été cité dans l’article de Patrick Lagacé sur l’affaire Bixi et Motulsky, qui, par ses écrits, aurait inspiré ceux qui ont crée Mirador.
J’inviterai également Michel Fréchette, de Girard & Fréchette, qui agit en tant que consultant pour l’émission. J’ai d’ailleurs hâte de faire la connaissance de M. Fréchette car, je dois l’avouer, je ne le connais malheureusement pas. Qui dit que le monde des RP est petit? Si je peux me fier à Google, l’agence Fréchette & Girard n’a pas de site web … et ne serait donc ni à l’ère 1.0, ni, j’imagine, à l’ère 2.0. Pas de carte de visite sur Internet. Il me fera donc encore plus plaisir de rencontrer M. Fréchette en chair et en os. Il serait peut-être venu au dernier 3e mardi .. je n’ai pas eu la chance de l’inviter à se joindre à nous, ayant pris connaissance de sa participation à l’émission seulement dimanche soir et me disant que ça ne se faisait tout simplement pas de donner si peu d’avis. L’invitation est certainement lancée pour la suite des choses, surtout si M. Fréchette n’a pas (qui sait?) souvent l’occasion de fréquenter des professionnels de la nouvelle vague comme ceux qui viennent aux soirées du 3e mardi. Je dois dire que je suis rassurée d’apprendre qu’un Québécois sera consultant pour l’émission … j’ai cru penser à un moment donné que seul un Américain était de la partie. Vous savez comme moi que nous ne voyons pas toujours les choses du même oeil que nos voisins.
Si vous le voulez bien, on regardera la première en gang devant un écran géant. Un peu à la manière d’une finale de la Coupe Stanley. Sauf que j’ai comme l’impression que ça ne fêtera pas fort.
J’inviterai aussi de nouveau Daniel Thibault et Isabelle Pelletier, co-auteurs de Mirador, pour qu’ils entendent nos réactions de vive voix. Après tout, c’est notre industrie qu’ils mettent en scène. Notre industrie et sa réputation.
Et ça commence mal. Voici comment certains journalistes et choniqueurs qui étaient sur le plateau de tournage de l’émission Mirador hier décrivent le téléroman:
Hugo Dumas, La Presse:
Docteur spin, leçons de manipulation
Hop! Nous voici au 36e étage de la prestigieuse tour IBM, toute en acier et en verre, qui s’élève au centre-ville de Montréal, boulevard René-Lévesque Ouest. C’est ici que la boîte de communications Mirador – l’équivalent fictif d’une firme comme National – étouffe des crises politiques, noie des scandales sexuels et tripote la vérité.
(…)
Manipulateurs d’images
Selon les relationnistes rattachées à l’émission, Mirador sera percutante, divertissante et palpitante. Attendez un peu. Suis-je en train de me faire manipuler? Y aurait-il des gens dans le milieu de la télé qui ne disent pas toujours la vérité et rien que la vérité? Non. Je refuse d’y croire. Impossible (pour ceux qui doutent encore, oui, c’est du sarcasme).
Geneviève Vézina-Montplaisir, Métro:
(…) cette mise en scène n’était pas très loin de la réalité des vrais conseillers en relations publiques, qui représentent les grandes compagnies et les personnalités de ce monde en manipulant parfois l’information transmise aux médias et au public.
Anne-Marie Cloutier, Le Soleil:
Le projet de Mirador a pris naissance il y a six ans. En écoutant les nouvelles, les auteurs étaient de plus en plus fascinés par «l’omniprésence des forces occultes» derrière tout discours ou déclaration publique.
Caroline Roy, Rue Frontenac:
Mirador dépeint le côté sombre des relations publiques
«L’actualité nous inspire, mais ça demeure de la fiction», expliquent les auteurs de Mirador, Daniel Thibault et Isabelle Pelletier.
C’est néanmoins le réel cabinet de relations publiques National qui a donné l’idée de cette série à Daniel Thibault. «Le nom de National revenait à l’occasion de quelques scandales. Il semblait y avoir une force occulte autour de ces gens-là qui géraient la crise. J’ai commencé à fouiller le sujet», dit-il.
(…)
Patrick Labbé décrit son personnage tel un homme tourmenté par l’aspect plus ou moins éthique de son boulot, contrairement à son frère et à son père.
Pour conclure, une citation des co-auteurs, puisée dans l’article d’Hugo Dumas:
«On se fait manipuler de toutes les façons possibles. Il y a toutes sortes d’histoires d’horreur», constate Daniel Thibault. «Et Mirador, c’est un beau véhicule pour raconter ces histoires-là», ajoute Isabelle Pelletier.
Oui, oui, je comprends. C’est un téléroman. Ce n’est pas un reportage. Après tout, selon Hugo Dumas, Daniel Thibault aurait puisé son inspiration de l’émission américaine The Practice. Mais entre vous et moi, quel meilleur outil qu’un téléroman pour façonner l’image de tout une industrie aux yeux du public? On verra bien si mes tantes me regarderont de travers le lendemain de la première.
D’ici là, une citation vers la fin de l’article de Rue Frontenac et attribuée à Patrick Labbé nous offre une lueur d’espoir:
Lors du premier épisode, Philippe revient d’un congé de travail de six mois. Il constate que sa job n’a pas de bon sens et que les relations publiques peuvent se faire autrement. Mais il n’a pas conscience de ce qu’implique de dire la vérité.
Mirador sera diffusé le mardi soir, selon la grille préliminaire de Radio-Canada. Un 3e mardi, peut-être?
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