Officiellement installée dans les Laurentides depuis quelques mois maintenant, je lis plus régulièrement les journaux du coin. Une chronique dans Le Journal des Pays-d’en-Haut La Vallée signée Mimi Legault a retenu mon attention ce matin. Mme Legault se désole de la vie « vide » des internautes qui passent leur temps à « visiter Twitter ou Facebook cinquante-sept fois en trois heures. » Elle va jusqu’à comparer ces pauvres individus au poulet qu’elle met sous vide. « Des gens qui vivent dans leur univers tout ratatiné. Sans oxygène. » Bon. J’ai décidé de réagir via courriel. Voici ce que ça donne :
Bonjour Mme Legault,
Votre chronique dans le journal Pays d’en Haut du 21 mai me fait faire un saut, alors je vous écris pour la première fois.
Avec tout le respect que je vous dois, c’est avec regret que je constate que vous véhiculez des préjugés banals de gens qui ne connaissent pas les réseaux sociaux mais qui se permettent quand même de se prononcer sur le sujet. Vous imaginez des gens seuls, dans leurs sous-sols, s’isolant de la communauté environnante pour échanger avec des étrangers. Sachez que non seulement la grande majorité des gens utilisent les réseaux sociaux pour entretenir des liens qui existent déjà, mais que les rencontres virtuelles entre inconnus se transforment plus souvent que vous ne le croyez, de toute évidence, en rencontres réelles.
Je m’offre comme exemple : mon réseau est largement composé de contacts professionnels. Depuis quelques mois, j’en ajoute d’un domaine qui n’est pas encore le mien, ayant l’intention de faire un virage professionnel prochainement. J’ai rencontré certains de ces « inconnus » lors d’un congrès après avoir fait un premier contact via les réseaux sociaux, mais certaines relations demeurent virtuelles, les individus étant dispersés aux quatre coins du monde. Ils m’offrent un accès à leur expertise qui m’est précieux. Pour le reste, Facebook m’a permis de renouer avec des amis d’enfance et du secondaire … je vais visiter une de mes plus grandes amies d’enfance à la fin du mois. Nous nous étions perdues de vue, mais nous nous rendons maintenant visite depuis 3 ans. J’ai pu découvrir et tisser des liens avec des cousines du côté de mon père irlandais. J’en ai rencontré une à Toronto il y a un an, et je rendrai visite à une autre lors de mon voyage en Irlande cet été. Facebook me permet aussi de maintenir un contact avec un cousin irlandais de qui j’avais très peu de nouvelles autrefois. Nouvellement installée dans les Laurentides, les réseaux sociaux m’ont permis d’échanger avec d’autres résidents et d’en faire la connaissance. Hier seulement, une jeune femme de Val David et son père, résident de Sainte-Adèle, se sont déplacés chez moi pour récupérer un baril – ils en ont fait la demande dans un groupe Facebook et j’ai répondu en leur offrant le mien. De nouvelles personnes rencontrées que je n’aurais peut-être pas connues autrement. Et j’en passe.
Les réseaux sociaux permettent aux gens de se réunir autour d’intérêts communs. Que ce soit via Facebook, Twitter, les blogues ou balados, peu importe notre intérêt (le tricot, l’environnement, les chants marins) on peut trouver quelqu’un avec qui partager notre passion même s’ils sont à l’autre bout du monde. Nos voisins ne partagent pas toujours nos intérêts, vous voyez. Contrairement à ce que vous puissiez croire, un accès aux réseaux sociaux peut souvent permettre aux gens de _briser_ l’isolement.
Je ne dis pas qu’on doit passer tout son temps devant son ordi. Au contraire. Comme dans toute chose, un bon équilibre est de mise et on doit tendre la main vers les inconnus qu’on croise sur le trottoir, dans nos écoles, dans nos lieux de travail pour faire de nouvelles rencontres. Mais de là à comparer les gens qui profitent de liens qu’ils peuvent tisser grâce aux réseaux sociaux au poulet que vous mettez sous vide … aie … c’est vraiment faire preuve d’un mépris que je trouve désolant.
Divulgation : j’étais la première consultante en relations publiques au Québec à monter une campagne médias sociaux pour une entreprise. Je me baigne dans les réseaux sociaux depuis le début du phénomène. En fait, ce n’est pas la première fois que j’écris sur le sujet de journalistes qui comprennent mal l’attrait des réseaux sociaux. Je vous invite à lire ma réplique à Lise Bissonnette et Natalie Petrowski. Un billet qui date de 2010.
Si jamais vous décidez de vous lancer sur les réseaux sociaux, je vous invite à vous joindre à moi sur LinkedIn 😉 Au plaisir de faire votre connaissance, que ce soit dans le monde réel ou « virtuel ».
Bonne journée
Michelle Sullivan
Sainte-Adèle
Laisser un commentaire