Une étincelle s’est allumée dans les yeux de ma mère l’autre jour. Je lui parlais de la polémique entourant l’avenir des médias traditionnels lancée (ou relancée) dans le cadre du dernier 3e mardi | Third Tuesday Montréal et de l’article d’Hugo Dumas, que j’avais commenté dans les ‘pages’ de ce blogue. Je me disais satisfaite de la discussion engendrée et heureuse d’avoir pu m’exprimer librement par le biais de mon blogue et en commentant les billets d’autres blogueurs.
Sa première question?
Ouvrir un blogue, c’est facile?
Pour comprendre l’importance de cette question, il faut savoir que ma mère me demande, régulièrement, de transmettre des lettres d’opinion à La Presse, à Radio Canada ou à l’hebdo local. Par régulièrement, je veux dire au moins une fois par semaine. Elle l’a récemment fait pour se prononcer contre la violence faite aux femmes, en faveur de l’apostasie et contre le chaos occasionné par les changements à la collecte des déchets du quartier. Elle prépare justement une lettre déplorant la fermeture de la librairie Champlain de Toronto. Comme quoi ses champs d’intérêt sont variés. Jeune, je la voyais souvent prendre le téléphone pour commenter sur les ondes de CJBC (860AM, radio francophone à Toronto), où on l’accueillait sans même qu’elle ait à se présenter, tellement elle le faisait souvent (il faut dire qu’elle était un leader communautaire et une militante, bien connue dans la région à l’époque). Disons que ma mère n’a pas la langue dans sa poche. Des opinions, elle en a à partager.
À ma place, elle n’aurait pas hésité. M. Dumas aurait reçu un gentil courriel, cc. au forum des lecteurs. L’échange entre eux (si échange il y aurait eu) aurait été fait de façon intime, entre Hugo et ma maman. Au mieux, elle aurait pu faire suivre sa réponse aux membres de son entourage. Cyberpresse ne permettant pas les commentaires, elle n’aurait pas pu partager son point de vue autrement. Elle aurait vérifié son journal le lendemain pour voir si les éditeurs avaient daigné (pour utiliser un terme qu’on a vu ailleurs) publier sa lettre.
Je lui parle des médias sociaux depuis des années, comme on parle dans notre entourage de ce qui nous intéresse. Mais c’est à ce moment là qu’elle a véritablement saisi le potentiel du blogue.
Heureusement pour Hugo Dumas, ma mère ne tient pas encore de blogue et ne s’intéresse pas assez aux médias sociaux pour avoir bondi, comme je l’ai fait, en lisant son article samedi dernier. Mais gare à Foglia, Petrowski, Lagacé, Crevier et les autres si elle se décide de s’y mettre. Elle est pas mal plus pit-bull que sa fille.
Tout comme la société en générale, les consultants s’intéressant aux médias sociaux ont une trop grande fixation pour la jeunesse. Selon moi, il y a un marché très intéressant à cibler si on tourne notre attention vers les gens de la génération de ma mère et de ses soeurs baby-boomer, qui ont des choses à dire et du temps à investir. Pour l’instant, en général, ils se contentent peut-être de lire. Mais attention: je sens tourner le vent.
Laisser un commentaire