Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses; c’est celui qui pose les vraies questions.
La nuit de samedi à dimanche a vu la disparition d’un des grands savants du dernier siècle, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss. Au-delà de vouloir signaler le décès de cet important intellectuel, j’en parle dans ce blogue parce que je suis de l’avis qu’une bonne connaissance des sciences sociales est d’une aide inestimable pour tout professionnel en relations publiques. Et je ne le dis pas seulement parce que j’ai fait des études supérieures en histoire.
Je ne peux pas vous dire combien de fois ma formation m’a aidé depuis que j’exerce ce métier. À la base, mes études m’ont permis de développer une discipline et une persévérance qui me servent en recherche et en rédaction. Plus loin encore, les sciences sociales ont développé mon esprit critique et m’ont permis de mieux comprendre l’impact d’une initiative, d’un message, d’une campagne sur les publics que je cible. Grâce à ma formation, qui m’a permis de connaître les théories de grands penseurs comme Lévi-Strauss, je suis convaincue de mieux comprendre les motivations, les impératifs et les besoins des individus et des groupes.
Je connais beaucoup de professionnels en relations publiques — des personnes que je respecte énormément — qui ont plutôt été formé en littérature. Bien que je ne doute pas qu’ils écrivent avec une jolie plume, je me demande si cette formation est aussi utile que la mienne a pu l’être. Je suis peut-être injuste, ici, bien que j’ai également fait des études en littérature (mon baccalauréat était en littérature française et en histoire). Si c’est le cas, je vous invite fortement à défendre votre discipline dans la section des commentaires.
On peut passer par grand nombre de chemins pour exercer ce métier. Chacun doit certainement apporter ses avantages. Mais si vous êtes étudiant, je vous conseillerais de songer à faire votre bac en sciences sociales. Si vous n’avez pas eu cette chance, je vous inviterais à lire les textes de gens comme Lévi-Strauss, tout comme je vous encouragerais de voyager. De pouvoir se plonger dans d’autres mondes et de comprendre qu’il existe d’autres mentalités et d’autres façons de concevoir la réalité est non seulement fascinant, mais vous sera d’une grande utilité lorsque vous serez à l’étape stratégique de vos campagnes.
Lorsque j’étais à la maîtrise, un prof (Linteau, je crois .. ou Bernard peut-être) a eu la brillante idée de faire venir une experte en ressources humaines (je crois) qui nous avait dit que peu importe le métier qui nous était destiné, nos études en histoire nous seraient toujours d’une grande utilité. Les employeurs nous apprécieraient pour notre discipline et pour notre esprit ouvert mais critique. Je sentais à l’époque qu’elle avait raison. Maintenant, j’en ai la certitude.
Je ne suis d’ailleurs pas la seule à croire que les communicateurs auraient intérêt à étudier les sciences sociales. L’Université du Québec en Outaouais offre le cours suivant: COM1033 – Théorie et épistémologie de la communication. Les autres universités offrent aussi quelque chose de semblable, peut-être?
Dans l’esprit de la citation tirée de Le Cru et le Cuit (1964) qui a servi d’introduction à ce billet, je vous laisse avec cette question: Est-ce qu’une bonne connaissance de l’anthropologie, de la psychologie et/ou de l’histoire sera aussi importante pour les professionnels en relations publiques dans dix ans qu’elle peut l’être maintenant?
Pour un début de réponse, je vous invite à parcourir ce texte de Dominique Dufour, qui s’est entretenu avec Sylvain Grand’Maison au sujet d’un métier emergent qui pourrait très bien être assumé par un professionnel en relations publiques: celui de ‘l’animateur de communauté’ ou, en anglais, de ‘community gardener’.
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